Tout au fond
Je m’aperçois maintenant que mon manque de sommeil provient en fait de ma peur d’affronter la noirceur de mon âme. Je cherche la lumière dans les autres comme un ogre la nourriture pour rassasier une faim qui n’a pas de limite. Les démons de mon âme me hantent, me terrorisent et brûlent mon cœur comme s’il se réjouissaient de voir les cendres de mes pensées. Ils dansent autour des lambeaux de mes vies passées, présentes et futures en se gargarisant du sang de mes émotions qui coulent le long de mes plaies. Toujours et encore, je sens ces douleurs qui transpercent mon corps au-delà même de ma conscience. Je suis sur des charbons ardents et j’attends, j’attends de m’habituer à une douleur qui n’en finit pas de me briser. Je suis perdu dans ce monde noir, froid et glacial. Je tire ma positivité de mon envie de survivre à cette saignée mentale que ces tourments opèrent lentement, doucement, patiemment. Ils attendent que je plie, que je m’incline sous la violence de leurs coups. Je ne plierais pas, je ne m’inclinerais pas mais parfois je rêve à des endroits sans contraintes, sans peines, sans souffrances et sans la démence quotidienne que je supporte. La force me manque parfois pour affronter tout cela mais converti en positif, cela me donne l’impression d’être plus fort, plus résistant à chaque attaque. Je suis loin de tout cet univers grouillant et méprisant qui m’ont enchaîné il y a des années au mur de la prison que mes pensées habitent. Elle ne passe plus, elle reste là, comme une boule à neige que l’on ne cesserais pas de secouer, comme une vapeur d’un hammam surchauffé ou comme un skieur pris dans une avalanche qui l’a surpris juste après avoir commencé la descente. La vue n’est plus là, mais j’entends encore. Alors j’avance avec la force du désespoir, avec la vaillance de l’agonie et la puissance de la souffrance. Je suis toujours en vie, toujours là, toujours debout mais pourquoi ? Les autres ? Quels autres. Ceux qui appuient sur ma tête pour voir combien de temps je peux respirer, ceux qui veulent me sortir d’où je suis pour satisfaire leur ego ou ceux qui ne font rien qu’attendre de voir comment je vais me débattre ? La vie est sombre, pour un temps. Etre patient, être fort, être vivant, être là pour ceux qui comptent sans doute. Je n’ai pas vraiment de réponse, j’espère que ça va s’arrêter, se calmer, s’apaiser et que toute cette angoisse disparaîtra un jour.